Les croyances qui nous façonnent : reconnaître, questionner, se libérer
Je parle souvent de croyances dans mes posts, mais je constate que c’est une notion difficile à appréhender. Alors, dans ce post, je vais vous parler de l’une des miennes.
Parfois, il suffit d’un moment, d’une phrase, pour que notre vision de nous-même et du monde soit bouleversée. Je voudrais partager avec vous une anecdote personnelle qui illustre parfaitement comment une croyance peut prendre racine en nous dans notre jeunesse et influencer, en sourdine, nos choix et notre parcours de vie. Elle façonne surtout le regard que l’on porte à tort sur nous-même.
Au collège, les études me semblaient simples et sans effort. Les choses se compliquèrent cependant à mon entrée au lycée, en série scientifique. La matière qui me posait problème était les mathématiques. Je me débattais, sans jamais avoir appris à vraiment « travailler » au sens studieux du terme.
Un jour, à la fin d’un devoir surveillé de trois heures en maths, je me retrouvais un peu assommé et l’esprit embrumé face à trois piles de copies, chacune représentant une classe différente. Fatigué et confus, j’hésitais sur la pile où déposer ma copie. Mon professeur de mathématiques, observant mon hésitation, lança d’une voix tranchante : « Tu n’es même pas capable de repérer le bon tas de copies. » Cette phrase fut comme un coup de poignard. Je l’ai crue, profondément. Elle a renforcé et catalysé une fragilité qui était déjà là en moi et liée à mon histoire, m’incitant à construire une croyance négative : « Je suis un peu con, un peu bête. »
Malgré mes réussites ultérieures, cette croyance restait là, tapie dans l’ombre, prête à surgir à la moindre erreur de ma part et notamment dans ma vie de cavalier où les chevaux remettent en permanence en question qui nous sommes. Il m’a fallu des années pour réaliser à quel point cette phrase avait influencé mon estime de moi et mes choix de vie. Aujourd’hui, je vois bien que cette croyance était fausse pourtant j’y ai cru très longtemps, cette croyance me semblait vraie et elle agissait comme un filtre entre moi et la réalité. Elle influençait à tort le regard que je portais sur moi.
Cet événement m’a appris le poids des mots et le pouvoir des croyances. Une croyance n’est pas simplement une pensée passagère ; c’est une conviction profonde qui oriente nos pensées et donc nos actions, nos choix, et même notre destin, souvent sans que nous en soyons conscients. Aujourd’hui, cette croyance n’est plus du tout présente en moi, elle a été remplacée par une nouvelle mais ne se traduit plus en termes d’intelligence, car je n’y mets plus seulement le sens uniquement scolaire et tellement réducteur de notre société. Ma nouvelle croyance n’est objectivement pas plus vraie, elle n’est pas plus fausse non plus. Elle me convient mieux, c’est tout.
Identifier et comprendre nos croyances, surtout celles qui nous limitent, est crucial. Cela nécessite un travail d’introspection et de remise en question, mais le jeu en vaut la chandelle. C’est en déconstruisant les croyances qui nous entravent que nous pouvons nous libérer de leurs chaînes et nous ouvrir à un champ des possibles beaucoup plus vaste.
Si vous portez en vous des croyances qui vous tirent vers le bas, souvenez-vous qu’elles ne définissent pas qui vous êtes. Elles sont le produit d’expériences, isolées ou non et de mots, parfois lancés sans réfléchir. Notre véritable pouvoir réside dans notre capacité à les reconnaître, à les questionner et, finalement, à choisir celles qui nous élèvent.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers