Le prix de la performance : chevaux et humains dans la survie
ll y a quelques semaines, je suis tombé sur un article écrit par un vétérinaire (Jacques Nardin) qui dénonçait une pratique troublante dans le monde équestre de haut niveau ( mais pas que…) : l’infiltration régulière et prolongée sur des années, de nombreuses articulations en simultanées sur des chevaux en réalité handicapés, pour les maintenir en compétition et faire en sorte qu’ils ne ressentent plus la douleur. Je suis parfois un peu naïf mais cette information m’a déconcerté, et je sais que beaucoup d’entre vous ont partagé mon étonnement quand ce n’est pas de la colère!
Mais après y avoir réfléchi, je me suis rendu compte que, bien que choquante, cette situation n’est pas si surprenante. Pensez à la manière dont nous, les humains, nous traitons nous-mêmes. Combien d’entre vous se poussent au-delà de leurs limites, jour après jour ? Vous vous sentez épuisés, au bord de la rupture, mais vous continuez à lutter pour maintenir le rythme, exceller dans vos activités, terminer votre « to do list », être un parent, un employé, un conjoint exemplaire.
Votre corps vous envoie des signaux de souffrance et de fatigue, le stress et l’épuisement s’accumulent, mais souvent, nous ne les remarquons même plus, le mental prend le dessus et vous passez en force. Ca fonctionne….un temps.
Pour tenir le coup, certains se tournent vers la médecine, cherchant un remède pour continuer à répondre aux attentes de la société, du patron, des collègues, de la famille. D’autres adoptent des stratégies pour tenir et supporter la aussi : trop de sport, de cigarettes, d’alcool…
Nous finissons par être, d’une certaine manière, ‘dopés’ pour tenir, tout comme ces chevaux. Et étrangement, cela semble moins choquant lorsqu’il s’agit de nous-mêmes. Pourtant, si nous nous traitons mal il est inévitable qu’il sera difficile de nous connecter à la souffrance de l’autre.
Et si cela pouvait être différent justement? Et si la vie que vous cherchez à vivre vous attendait ailleurs, autrement ? Le problème est que lorsque l’on est entré dans cette spirale de la survie, le champ des perspectives et des possibles semble être fermé et on s’enferme dans le « il faut, je dois, je n’est pas le choix ».
Dans mon expérience il est difficile voir impossible d’écouter véritablement l’autre (chevaux inclus) si on n’est pas à l’écoute de soi-même.
Vos chevaux n’attendent rien d’autre que de vivre avec des humains en paix et épanouis qui sont dans la vie, pas dans la survie.
Si vous vous sentez dans la survie de façon régulière ou permanente, faites vous aider, par qui vous voulez, mais ne restez pas seul.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers