- QUAND VOTRE TÊTE PREND LE CONTRÔLE DE VOTRE VIE ET QUE LE CORPS LÂCHE
Le burn out, on en entend beaucoup parler, mais il reste pourtant très répandu, notamment dans la communauté cavalière, souvent composée de personnes passionnées et engagées, qui en évoluant dans un milieu exigeant, ont probablement une exposition particulière à ce redoutable processus.
J’ai décidé d’aborder ce sujet pour vous aider à l’identifier et à le prévenir. Pour commencer, en voici une définition.
Le burn-out est un syndrome d’épuisement profond touchant les sphères émotionnelle, mentale et physique d’un individu. Il se traduit par une baisse significative de la motivation, une fatigue accablante et une diminution notable de l’efficacité dans les activités quotidiennes. Ce phénomène va au-delà d’une simple fatigue passagère et résulte d’un cumul de stress et de tensions sur une longue durée. Le burn-out se manifeste de manière insidieuse, creusant un vide intérieur chez la personne affectée, qui peut ne pas être immédiatement apparent de l’extérieur.
Le burn-out survient quand il y a une discordance sur un temps long entre les exigences de notre esprit et les limites de notre corps, conduisant à un « court-circuit » interne.
Cette disjonction se traduit par une sensation d’être consumé de l’intérieur, à l’instar d’un bâtiment ravagé par les flammes, laissant derrière lui un vide, malgré une apparence extérieure qui peut sembler préservée. Il peut être déclenché par des pressions externes telles que le travail, les responsabilités familiales, ou des événements inattendus, mais aussi par des pressions internes comme, par exemple, l’ambition, le perfectionnisme, un fort sens du devoir ou la peur de décevoir.
En somme, le burn-out est le résultat d’un déséquilibre prolongé entre les demandes imposées à une personne (ou qu’elle s’impose elle-même) et sa capacité à y répondre, entraînant une rupture entre les besoins de l’esprit et les capacités du corps à soutenir ces exigences.
2. LES CAUSES DU BURN OUT
Les causes du burn out sont multiples et souvent entrelacées, reflétant la complexité de nos vies modernes et la pression constante à laquelle nous sommes soumis, tant dans nos environnements professionnels que personnels. Voici une exploration approfondie de ces causes, intégrant les contraintes spécifiques du milieu équestre :
– Une quête d’idéaux
Le burn-out frappe souvent ceux qui s’efforcent d’atteindre des idéaux élevés, que ce soit dans leur sphère personnelle, familiale ou professionnelle. Ces individus sont hautement investis dans leur travail, mettant la barre très haut pour eux-mêmes et pour les résultats qu’ils cherchent à obtenir.
– Des causes multifactorielles
Il n’existe pas de cause unique au burn-out. Ce syndrome résulte d’une combinaison de facteurs, tels que les attentes personnelles, la pression au travail, les responsabilités familiales, et l’influence de notre environnement sociétal. Les causes sont intrinsèquement liées et peuvent s’accumuler avec le temps, rendant la détection et la prévention plus complexes.
– L’Exigence croissante et les contraintes économiques
Dans le domaine équestre, la nécessité d’augmenter l’efficacité et la rentabilité est exacerbée par des contraintes économiques sévères. Pour maintenir leurs entreprises à flot, les professionnels sont contraints de travailler plus longtemps et plus dur, souvent au détriment de leur propre bien-être. Cela implique non seulement une gestion minutieuse des finances mais également un engagement physique et émotionnel intense, ce qui augmente le niveau de stress et le risque de burn-out.
– Surmenage continu : On En Fait Toujours Plus
Les individus touchés par le burn-out sont souvent reconnus pour leur passion et leur talent. L’engagement excessif, surtout lorsqu’il est motivé par la passion, peut mener à un surmenage chronique et à un épuisement émotionnel et physique.
– Le burn out touche prioritairement les personnes avec un fort mental, celles qui ont appris à ne pas s’écouter avec des injonctions telles que: « il faut avancer, Il faut être fort, arrête de t’écouter ». Cela conduit alors ces personnes à cesser d’écouter les signaux de stress et de fatigue que leur envoie leur corps.
– La dernière goutte d’eau
Parfois, après des années de pression soutenue, il suffit d’un petit changement ou d’un événement inattendu pour déclencher un burn-out. Une telle goutte d’eau fait déborder le vase, menant à une situation où le professionnel, malgré une résilience de longue date, ne peut tout simplement plus continuer. La perte de sens est souvent un facteur déclenchant.
– L’Impact de la personnalité et de l’histoire personnelle
Nos traits de personnalité et notre vécu influencent notre façon de gérer le stress et les défis. La tendance à l’adaptation, la quête de reconnaissance et le perfectionnisme peuvent nous pousser à des niveaux d’épuisement extrêmes, en particulier dans une société qui valorise et récompense constamment la surperformance.
Le burn-out est une condition complexe qui nécessite que nous soyons attentifs aux signaux que nous envoie notre corps et notre esprit. Cela demande une prise de conscience de nos limites et la mise en place de stratégies pour préserver notre santé mentale et physique. Pour les professionnels du milieu équestre, cela implique un équilibre entre la passion pour leur travail et la nécessité de maintenir une vie personnelle et professionnelle saine et durable.
3. LES SIGNAUX D’ALERTES À PRENDRE EN COMPTE POUR ÉVITER LE BURN-OUT
Le burn-out peut se manifester différemment selon les individus, mais certains signaux et symptômes sont couramment observés et peuvent être particulièrement pertinents pour les cavaliers professionnels ou amateurs, qui évoluent dans un milieu exigeant physiquement et émotionnellement. Voici quelques-uns de ces signaux précurseurs :
- Je fais plein de to-do lists mais je n’arrive jamais au bout.
- Je bois, je fume, je mange davantage.
- Je n’arrive plus à me détendre véritablement.
- Mes pensées s’enchaînent en permanence, le mental ne se repose jamais.
- Je suis démotivé, découragé
- J’ai une baisse notable dans les performances équestres, comme une perte de synchronisation avec le cheval, des erreurs techniques inhabituelles ou une difficulté à se concentrer pendant l’entraînement ou en compétition.
- Je vis des changements d’humeur : irritabilité, impatience ou une tendance à me frustrer rapidement avec les chevaux, les clients ou les collègues. Vous pouvez aussi ressentir une tristesse inexpliquée ou un sentiment de désespoir.
- Tout me saoule, je me retire socialement : un désintérêt pour les activités sociales ou une tendance à m’isoler, ce qui peut également se traduire par moins de temps passé à interagir avec les autres cavaliers, les clients ou même les chevaux.
- Je vis de l’anxiété et du stress de façon constante : un sentiment d’être débordé ou une anxiété qui ne diminue pas, même lors des jours de repos. Les cavaliers peuvent se sentir submergés par les responsabilités quotidiennes ou la pression des compétitions à venir.
- J’ai des doutes sur mes compétences : une perte de confiance en mes propres capacités équestres, un sentiment de ne jamais être à la hauteur ou de ne pas accomplir assez, malgré des efforts soutenus.
- J’ai des problèmes de sommeil : des difficultés à m’endormir ou à rester endormi, ou, à l’inverse, une tendance à dormir plus que d’habitude sans me sentir reposé.
- J’ai des douleurs physiques : apparition de maux de dos, de tension musculaire, de maux de tête ou d’autres douleurs physiques, qui peuvent être exacerbées par le travail physique intense avec les chevaux.
- Je suis négligent sur le bien-être des chevaux : un manque d’énergie ou de motivation pour les soins habituels des chevaux, ce qui peut se traduire par une diminution de l’attention portée à leur alimentation, leur pansage ou leur entraînement.
- Je n’éprouve plus de plaisir : une perte de l’étincelle ou de la joie habituellement ressentie lors de la pratique équestre ou au simple contact avec les chevaux. Ce qui était autrefois une passion devient une corvée ou ne procure plus de satisfaction.
Si ces pressions externes et internes ainsi que les changements qu’elles provoquent perdurent pendant un certain temps, on risque de dépasser la phase de surmenage (dont on récupère rapidement en se reposant) pour entrer dans la zone rouge et autrement plus dangereuse du burn-out. L’élément clé pour récupérer, c’est le temps. Plus vous arrêtez tôt le processus, plus la phase de récupération sera rapide.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers