Accueillir l’agressivité pour mieux grandir
Hier, j’ai partagé un post qui a suscité moins d’engagement que d’habitude. J’ai l’impression que le sujet de l’agressivité a mis certains d’entre vous mal à l’aise, et c’est précisément ce point que je souhaite aborder aujourd’hui en vous parlant d’une situation vécue avec mon fils de 9 ans.
Avec ma compagne, nous essayons de faire en sorte que nos enfants restent connectés à eux-mêmes, qu’ils puissent exprimer leurs besoins, leurs émotions et, plus tard, leurs désirs. Cela nécessite qu’ils apprennent à les formuler, à s’affirmer pour être pleinement eux-mêmes. Ce processus d’apprentissage inclut la possibilité d’expérimenter dans un environnement sécurisé.
Ainsi, quand mon fils de 9 ans utilise un ton un peu trop agacé ou véhément avec moi, au fond de moi, je me sens satisfait. Bien sûr, je le recadre immédiatement en lui indiquant fermement que la façon dont il me parle ne me convient pas et que je ne l’accepte pas. Mais je le fais avec bienveillance, sans le rabaisser. Je comprends qu’il ne s’agit pas d’une attaque personnelle, mais d’un besoin qu’il a d’apprendre à maîtriser et à ajuster son énergie. Si ce n’est pas avec moi qu’il apprend à le faire, avec qui le fera-t-il ?
Pour être serein dans cette posture, je dois moi-même être à l’aise avec l’agressivité — la sienne, celle des autres, des animaux, et même la mienne. Je ne m’inquiète pas à l’idée que permettre à mes enfants d’exprimer leurs besoins et leurs désaccords les rendra « méchants », mal-élevés » ou « tout puissants ».
Quand un sujet comme l’agressivité nous dérange, cela peut nous amener, souvent inconsciemment, à éviter d’en parler ou à en minimiser l’importance. Pourtant, en agissant ainsi, nous risquons de priver nos enfants — et nous-mêmes — d’une connexion essentielle avec leur énergie vitale. Cette énergie, loin d’être purement destructrice, est celle qui leur permet de se défendre, d’exprimer leurs besoins et d’affirmer qui ils sont.
Si nous réprimons cette part d’eux-mêmes, il ne faut pas s’étonner de voir des adolescents amorphes, déconnectés de ce qui les anime profondément, car ils n’auront pas été autorisés à exprimer leurs besoins authentiques, même si cela les amène parfois à se positionner de manière inappropriée. C’est à nous, adultes, de leur montrer comment ajuster cette énergie. Autrement, c’est comme si la vie les avait quittés. Ils ont besoin de retrouver cette force, de la reconnaître pour la transformer en une énergie constructive.
Tout comme un cheval reste vivant et vibrant en exprimant parfois son désaccord, nos enfants ont besoin de cette connexion à leur agressivité pour rester pleinement vivants. C’est en reconnaissant cette énergie en nous-mêmes que nous pouvons apprendre à la canaliser, à la transformer en quelque chose de positif et d’utile.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers