« Cessez d’être gentil, soyez vrai! »
Le jeu préféré de mon chien c’est de se placer en embuscade puis de faire la bagarre. C’est lui qui m’a proposé ce jeu et je participe avec plaisir, car cela lui permet d’apprendre à gérer son agressivité, ce qui me paraît particulièrement important pour un chien de cette race (rottweiler).
Notre jeu est codifié, et il connaît les limites à ne pas dépasser. Je ne cherche pas à encourager son agressivité, mais à la canaliser pour qu’il se contrôle en toute circonstance. Me persuader que mon chien n’a pas d’agressivité serait me mentir.
L’agressivité est présente chez tous les mammifères, chez ce chien, chez votre cheval et…donc chez vous aussi. Elle déploie l’énergie nécessaire à la défense légitime en cas d’attaque. Les peuples traditionnels l’avaient compris et avaient mis en place des rites pour la gérer et la canaliser.
L’Occident se raconte l’histoire que l’agressivité n’a pas sa place, qu’elle ne doit pas exister. Cette illusion mène à une société où la violence est omniprésente, insidieuse au travail, sur les réseaux et même à l’école. Les plus grands défenseurs de la non-violence deviennent souvent eux-mêmes violents. Les antifascistes deviennent fascistes, et les libéraux et démocrates deviennent tyranniques sous prétexte de protéger la démocratie. Les adeptes de la non-violence peuvent se montrer paradoxalement agressifs sur les réseaux sociaux, comme j’ai pu le constater.
L’agressivité bien canalisée génère une énergie puissante et précieuse pour passer à l’action dans la vie. Une énergie très yang, recherchée notamment par beaucoup de femmes (et de plus en plus d’hommes) qui on des difficultés à s’affirmer et a prendre leur place dans leur vie, dans leurs relations, avec les chevaux ou dans leur projet.
Explorer sa sensibilité, ses émotions et sa douceur est essentiel pour la qualité relationnelle avec un cheval, mais insuffisant pour l’éduquer, entreprendre, se positionner, aller vers ses rêves, sauter les obstacles qui se présentent et croquer la vie.
Pourquoi l’agressivité existe-t-elle?
L’agressivité a évolué chez les mammifères comme une réponse adaptative essentielle à la survie. Elle permet de mobiliser des ressources physiques et mentales pour se défendre, protéger ses proches et son territoire, et assurer sa reproduction. Cette énergie défensive est un mécanisme vital en cas de menace. Ainsi, reconnaître et canaliser cette agressivité permet non seulement de prévenir la violence inutile mais aussi de transformer cette énergie en force constructive, bénéfique à la fois pour l’individu et pour la société. L’agressivité n’est ni bonne ni mauvaise en soi, elle fait partie intégrante de notre nature et de notre évolution.
Que vous soyez d’accord ou pas, que vous soyez a l’aise ou pas avec cette idée, cette agressivité est là quelque part en vous, elle est inscrite dans votre ADN, elle se cache derrière votre part d’ombre que tant de personnes ne veulent pas voir.
La lecture de mes articles nécessite de la nuance et particulièrement celui-ci. Je ne dis pas d’être agressif ni que l’agressivité est bonne ou mauvaise, elle est là et c’est tout. Elle a eu et a un rôle dans notre évolution. J’appelle à la reconnaître et à ne pas la nier pour la transformer. Car tout ce qui est nié ou refusé se renforce et se manifeste de manière perverse.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers