Prendre soin des autres sans s’oublier soi-même
Je suis souvent surpris par le nombre d’infirmières qui me suivent ou me sollicitent. Cela m’amène à me demander pourquoi cette catégorie de professionnels est si présente ici, et pourquoi les soignants en général sont si représentés.
À travers ma réflexion, je perçois que la nature intrinsèque de la plupart des infirmières est de prendre soin d’autrui. Nombre d’entre elles prennent ce rôle à cœur, parfois au point de s’oublier elles-mêmes. Cette tendance à se négliger se manifeste non seulement dans leur vie professionnelle, mais également dans leur sphère personnelle. Ce don de soi, aussi remarquable soit-il, a un coût. En négligeant leurs propres besoins, elles finissent par vivre à travers les autres, perdant peu à peu leur propre identité jusqu’à ne plus savoir où elles en sont, ce qu’elles veulent et qui elles sont.
Ce phénomène, que l’on peut qualifier de suradaptation à autrui et à l’environnement, peut conduire à une perte de sens et à l’épuisement dans un système de santé français actuel que je qualifie sans remords de maltraitant. Malgré le dévouement total, le manque de reconnaissance est fréquent, à l’exception de celle, précieuse, exprimée par les patients. C’est souvent pour eux que beaucoup tiennent bon, et pour certaines, se sacrifient.
Je ne serais pas complet si j’omettais de parler de leur sensibilité et de leur empathie particulière, qui expliquent probablement leur présence ici. Le lien avec les chevaux, je peux l’imaginer, a souvent été un exutoire pour exprimer cette sensibilité. Mais là aussi il y a une contrepartie : toutes ces émotions, parfois à fleur de peau, si on ne vous a pas appris à les réguler, peuvent régulièrement vous dépasser et cela n’est sans doute pas sans générer des difficultés avec vos chevaux.
Je partage ces réflexions en tant qu’ancien soignant ayant travaillé avec beaucoup d’entre vous, et en comptant plusieurs dans mon entourage. Ne renoncez jamais à prendre soin de vous. Prenez le temps de monter à cheval et de vous ressourcer. Vos besoins sont aussi importants que ceux des autres.
Merci sincèrement pour tout ce que vous faites et pour qui vous êtes. Et s’il vous plaît, ne vous oubliez plus. Si vous n’y arrivez pas, faites-vous aider, par moi ou par qui vous voulez, mais faites-vous aider.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers