Un lien authentique passe aussi par le désaccord
La quête d’une forme d’idéalisation ou d’utopie relationnelle avec le cheval semble être de plus en plus présente. Elle deviendrait presque une discipline !
Moi, j’y vois juste un préalable à autre chose, pas une fin en soi.
Il faudrait que l’harmonie soit permanente, parfaite, idéale.
Je vais choquer en disant cela, mais selon moi, cette vision est une utopie qui est tout autant une construction du mental que l’équitation mécaniste. Ça serait un peu comme les deux faces opposées d’une même pièce de monnaie ou comme le chaud et le froid.
Selon moi, la nature ne fonctionne pas comme cela, les relations ne fonctionnent pas comme cela.
L’équitation mécaniste est le fruit d’un héritage d’énergie très masculine (yang), la tendance actuelle de l’utopie relationnelle est le fruit d’une énergie très féminine (yin). (Ces énergies sont à distinguer de la notion de femme et d’homme). Mais elle conduit à une autre impasse, à d’autres insatisfactions, à d’autres frustrations ainsi qu’à beaucoup de culpabilité et enfin parfois à du danger !
Et puis, le fait de faire, de passer à l’action c’est créer et vivre des choses ensemble. Quand je m’entends bien avec un copain, l’idée c’est qu’on partage ou qu’on fasse des choses ensemble ! Pas qu’on se regarde dans le blanc des yeux !
La relation pour la relation, à un moment donné, on tourne en rond avec l’autre et en soi-même.
L’équilibre se trouve entre le Yin et la Yang, entre le féminin et le masculin, entre le cœur et l’esprit, entre le passage à l’action et l’accueil des émotions. Les relations, c’est le plus souvent de la douceur et de la bienveillance et parfois de l’exigence et de la confrontation. C’est l’authenticité de toutes ces expériences vécues qui permettent la confiance partagée.
Dans une relation authentique, qu’elle soit avec votre compagne ou compagnon, enfants ou amis et bien il y a des frictions, des désaccords. Dans une relation équilibrée, l’idée que je suis important ET l’autre aussi doit exister. Cela signifie que mes besoins sont aussi importants que ceux de l’autre. Je ne m’efface pas et je n’écrase pas l’autre. Dans ce fonctionnement, il y a donc des besoins qui s’opposent parfois alors il faut discuter, se mettre d’accord, trouver des compromis, être créatif pour qu’au final la relation soit toujours globalement équilibrée.
Qu’il y ait des désaccords avec votre cheval est sain et normal. Vous pouvez vous exprimer et lui aussi. C’est ça une relation.
L’idéalisation de la relation avec le cheval conduit à l’inaction, à ne plus oser faire ou demander. Soyez dans l’action, acceptez de vous tromper et faites ! Parfois lorsque on a des difficultés à oser vraiment demander à son cheval cela peut indiquer qu’on ne veut/peut se confronter aux réactions de celui-ci. Derrière cette attitude il peut y avoir en réalité la peur de se confronter à soi-même. Rester dans une zone de confort relationnelle connue mais stagnante est alors tentant…
D’ailleurs, cela arrive aussi dans certains couples. Les personnes ne se disputent jamais, il n’y a jamais un mot plus haut que l’autre, il y a une harmonie apparente et pourtant ils s’éloignent car la relation n’est en réalité pas nourrie, elle stagne et… vous connaissez la fin.
Trouvez l’équilibre en vous-même et vous trouverez naturellement l’équilibre avec votre cheval.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers