Comprendre et briser le cycle
Beaucoup d’entre vous ont subi des formes de violences dans l’enfance, parfois sans même en avoir conscience. J’entends encore régulièrement que le martinet était présent dans un certain nombre de foyers. Beaucoup en rient aujourd’hui, en disant : « Je n’en suis pas mort. » Oui, c’est vrai, vous êtes bien là aujourd’hui. Mais quelles ont été les conséquences de ces violences sur vous ? Avec vos yeux d’adultes, vous souriez peut-être en y repensant, mais que pouvait ressentir cet enfant que vous étiez à l’époque ?
Vos parents vous aimaient très certainement et pensaient bien faire. Ils voulaient que vous grandissiez « droit », en vous inculquant une forme de discipline. Mais quand on parle de dresser un animal, cette même idée ne vous interpelle-t-elle pas ? Vous, enfant, avez-vous été « dressé » ? Si vos parents ont agi de cette manière, c’est sans doute parce qu’ils avaient eux-mêmes subi ce type d’éducation, et ainsi, ce cycle de violences ordinaires s’est normalisé.
Bien sûr, un enfant grandit toujours. Mais voici certaines conséquences possibles de ces violences :
Clivage et difficultés à se connecter ou à réguler ses émotions, figement, réactions de fuite, besoin de correspondre aux attentes parentales, éloignement de ses propres besoins et sensations corporelles. On a aussi tendance à s’invalider plus facilement et à être plus sensible au jugements.
En grandissant, on se soumet ou on se rebelle, mais souvent, on finit par mener une vie « en réaction à » quelque chose, plutôt que de vivre pleinement pour soi. On mène alors la vie de quelqu’un d’autre.
Quand on a grandi dans cet environnement arbitraire du « j’ai raison, tu as tort », il devient difficile de poser un cadre juste pour soi et pour les autres. Et cela se reflète dans votre relation avec votre cheval : parfois trop strict, parfois trop permissif, et parfois même explosif. Ces oscillations montrent souvent une difficulté à poser des limites justes et équilibrées.
Personnellement, comme mes deux frères, je n’ai jamais reçu un seul coup, tout comme mes propres enfants évidemment. Pour cela, je suis profondément reconnaissant à mes parents, car cette absence de violence m’a permis de grandir différemment.
Vous avez le pouvoir de rompre ce cycle et d’offrir une éducation plus douce, tant à vos enfants qu’à vos chevaux. Tout comme les enfants, les chevaux ont besoin d’un cadre juste pour se sentir en sécurité et s’épanouir.
Si vous avez vécu ces situations alors je vous invite à réfléchir aux conséquences de celles-ci sur votre vie, dans vos relations aux autres et avec les chevaux. Et peut-être envisager de vous faire aider pour les dépasser.
David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation
Expert en bien-être psychologique des cavaliers