Pourquoi tant de personnes ont-elles peur à cheval ?

5 septembre 2023

Se reconnecter à ses émotions pour retrouver confiance à cheval

Avez-vous déjà songé à la raison pour laquelle nous apprenons aux enfants à reconnaître leurs émotions aujourd’hui ? Vous faites sûrement partie de ces parents consciencieux qui cherchent à transmettre cette connaissance à leurs enfants. Mais comprenez-vous vraiment son importance ? Savez-vous quelles sont les conséquences pour quelqu’un qui méconnaît ou ignore ses émotions ?

Le véritable enjeu n’est pas seulement d‘aider l’enfant à connaître ses émotions, mais surtout de les accueillir. En accueillant l’enfant dans ce qu’il ressent ici et maintenant, même face à une émotion difficile, vous lui signifiez que vous l’aimez sans condition. Vous pouvez, toutefois, ne pas être d’accord avec son comportement et le lui faire savoir. Ce sont deux choses distinctes. L’enfant se sent alors aimé inconditionnellement et apprend ainsi à ajuster son comportement. Progressivement, il apprend à réguler ses émotions et grandit en devenant un adulte équilibré, acceptant les risques inhérents à la vie et à son perpétuel changement.

Pour les générations précédentes, dont vous et moi faisons probablement partie, la confusion entre l’accueil des émotions et la réprobation du comportement pouvait être si déconcertante que l’enfant se trouvait souvent dans l’obligation de se déconnecter de ses émotions et de son corps. En psychologie, on appelle cela « se cliver ». Adulte, pour naviguer dans le monde social, cette personne apprend souvent à contrôler mentalement plutôt qu’à réguler ses émotions. Et pour éviter des émotions trop intenses, elle trouve des astuces et commence à contrôler son environnement, allant parfois jusqu’à vouloir maîtriser les comportements de ses proches, de son cheval, pour éviter des émotions insurmontables. On est alors prêt à tout pour rester dans une zone de confort, même si celle-ci, paradoxalement, ne nous convient pas. Notre vie entière peut alors devenir inconfortable même si elle a l’apparence d’une vie rassurante.

Or, à cheval, l’absence de maîtrise de cet être vivant, surtout si vous renoncer à la domination et à la contrainte, est si manifeste que monter peut déclencher une vague émotionnelle difficile voire impossible à contrôler. Ce qui fonctionne dans la vie quotidienne ne s’applique plus à cheval. L’émotion générée est trop forte. Le désir répandu d’un « cheval assurance vie » n’est qu’un symptôme, une astuce pour esquiver les enjeux de ce comportement, avec toutes les conséquences pour nos équidés : dressage précoce, désensibilisation, conditionnement. Tout comme les humains, les chevaux peuvent alors se « dépersonnaliser », devenir mécaniques.

Quand vous vous déconnectez de vos émotions, vous perdez aussi le contact avec les sensations de votre corps, menant parfois à l’épuisement ou au burn-out. Les chevaux, eux, nous demandent d’être pleinement vivants, connectés à nos émotions et notre corps, et non en mode survie déconnectés de ceux-ci. Cette difficulté est présente chez 80% des personnes que j’accompagne en thérapie. Vous n’êtes pas seul; nous sommes très nombreux. Moi-même, j’ai vécu ainsi pendant plus de 30 ans…

Lorsque vous empruntez ce nouveau chemin vers vos émotions et l’écoute de votre corps, vous quittez le monde du contrôle pour celui du lâcher-prise. De nouveaux horizons s’offrent à vous. Vous devenez pleinement présent pour vous-même, pour les autres, et pour votre cheval. Vous acceptez que tout n’est pas contrôlable, trouvant ainsi apaisement et sécurité. Selon mon expérience, cette démarche ne peut pas être entreprise seule en raison des nombreuses résistances aux changements intérieurs : vous avez besoin de quelqu’un pour vous guider. Une fois capable de réguler les « petites » émotions du quotidien, vous serez aussi apte à gérer les plus intenses à cheval.

Votre cheval vous attend, votre vie vous attend…

David PIRIOU, thérapeute Gestalt et moniteur d’équitation

Expert en bien-être psychologique des cavaliers